L'enseignement de l'écologie de la maternelle au lycée : quelle place pour la recherche ?

Journée Thématique organisée par le groupe LiENS de la Société Française d'Ecologie et d'Evolution (SFE²)

Chercheurs et enseignants ont une responsabilité commune face à la crise écologique que traversent nos sociétés, celle de donner aux citoyens les moyens d'en comprendre les causes et d'évaluer de manière critique les options qui s'offrent à nous, collectivement pour y remédier ou en atténuer les effets de la manière la plus juste qui soit. L'Ecole a pris la mesure des enjeux en faisant une place important à l'écologie dans les programmes scolaires au travers des enseignements disciplinaires et de l'éducation au développement durable. Mais les savoirs en écologie évoluent très vite, à la croisée des disciplines de sorte que les enseignantes et les enseignants ne peuvent pas relever seul·e·s le défi de l’enseignement de l’écologie; les écologues ont un rôle à jouer.

Le groupe thématique LiEns de La Société Française d’Ecologie et d’Evolution (SFE²) organise une journée d’étude sur les liens entre la recherche en écologie et l’enseignement de l’écologie, de la maternelle au lycée. L’objectif est de faire dialoguer les acteurs de la recherche en écologie et en sciences de l’éducation, les enseignants et les formateurs pour identifier les actions prioritaires à mener pour renforcer l’enseignement de l’écologie à l’école.

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L'accumulation des preuves de la responsabilité humaine dans la crise environnementale que nous traversons n'a eu que peu d'impact sur sa remédiation. Aujourd'hui, il est urgent d'agir. Ce discours se fait de plus en plus audible dans la communauté scientifique, chez les écologues, bien sûr, mais pas uniquement. Il est acquis que la crise écologique impose des « changements transformateurs » durables, profonds, systémiques, individuels et collectifs, tout autant dans nos modes de vie que dans nos valeurs et notre relation au monde qui nous entoure. Mais ces changements ne peuvent pas se décréter. Ils doivent être choisis en conscience. Pour cela, l’éducation à l’environnement est capitale, et elle doit nécessairement passer par l’enseignement des sciences. 

L'école a évidemment un immense rôle à jouer. Il faut amener les élèves à penser leur propre rapport au vivant de façon plus intégrée que les générations précédentes n’ont pu le faire. L’enjeu est double : il s’agit d’une part de transmettre les savoirs sur la complexité des interactions entre les êtres vivants et leurs rétroactions avec le non-vivant, et d’autre part d’expliciter la manière dont ces savoirs se sont construits pour comprendre ce qui les rend dignes de confiance. Autrement dit, l’enjeu est d’enseigner l’écologie, plus et mieux, dans ses dimensions disciplinaire, épistémologique et sociale.

L’écologie est la science qui étudie les êtres vivants, les interactions qu’ils développent entre eux et avec leur environnement. Elle articule des notions de géographie et d’histoire, ainsi que des savoirs sur la biologie et l’évolution des espèces. Elle éclaire les rétroactions — négatives ou positives — entre les activités humaines et le fonctionnement des écosystèmes. La compréhension et la modélisation de ces rétroactions requièrent des outils mathématiques et statistiques ainsi que des lois physico-chimiques. Ainsi, l’écologie unit les sciences de la nature, les mathématiques et les sciences humaines et sociales. A ce titre, elle devrait idéalement avoir dans les enseignements la place centrale qu’elle a dans la société. En ce sens, les prescriptions nationales en termes d’éducation intègrent depuis plusieurs années l’enseignement de l’écologie, dans les programmes de l’école maternelle aux enseignements de spécialités du lycée, en passant par l’éducation transversale au développement durable. Et pourtant…

Quand il s’agit d’enseigner l’écologie, les enseignants sont confrontés à de nombreux défis, logistiques autant qu’intellectuels. D’abord, l’enseignement de l’écologie ne prend tout son sens que dans une expérience sensible du vivant. Une cour d'école, souvent très minérale, rend difficile le sentiment d’appartenance à un milieu, un écosystème souvent beaucoup plus diversifié. Ensuite, enseigner l’écologie nécessite de croiser les savoirs, en gardant une juste distance entre ses  convictions personnelles et les faits scientifiques. Cela implique de faire dialoguer les sciences entre elles, et avec la société. Les enseignants, trop peu formés à l’épistémologie, manquent souvent d’outils pour cela. Même les jeunes enseignants récemment reçus au concours sont peu armés pour appréhender la complexité des savoirs à mobiliser ; alors que dire de ceux qui ont été recrutés à une époque où la biodiversité n’était en crise que dans la sphère académique ? 

Les enseignantes et les enseignants ne peuvent pas relever seul·e·s le défi de l’enseignement de l’écologie; les écologues ont un rôle à jouer. D’ailleurs nombre de chercheuses et de chercheurs interviennent ponctuellement auprès des élèves, directement dans la classe ou en les accueillant dans leurs laboratoires ou sur le terrain. Il est alors question de science, de recherche, et des personnes qui y participent autant que du contexte sociétal dans lequel les recherches s’inscrivent. Bien souvent, il s’agit d’initiatives individuelles. Comme chercheurs, enseignants, parents, et plus généralement citoyens, nous gagnerions à structurer et renforcer les liens entre la recherche en écologie et son enseignement dès le plus jeune âge. 

Il n’est pas question que les chercheuses et les chercheurs se substituent aux enseignantes et enseignants, ce n’est pas leur métier, surtout quand il s’agit d’intervenir auprès des plus jeunes. Il ne faut pas non plus sous-estimer la difficulté pour les enseignantes et enseignants à préparer et exploiter l’intervention de chercheuses et chercheurs auprès des élèves. De nombreuses questions se posent quant aux modalités d’interactions entre chercheurs, enseignants et élèves dans un objectif de transmission de savoirs. Elles relèvent pleinement de la didactique des sciences. Il s’agit d’un champ de recherche encore peu exploré.

Le groupe thématique LiEns de La Société Française d’Ecologie et d’Evolution (SFE²) organise une journée d’étude sur les liens entre la recherche en écologie et l’enseignement de l’écologie, de la maternelle au lycée. L’objectif est de faire dialoguer les acteurs de la recherche en écologie et en sciences de l’éducation, les enseignants et les formateurs pour identifier les actions prioritaires à mener pour renforcer l’enseignement de l’écologie à l’école.